
Alors pourquoi avons-nous du mal à les faire travailler ?
- L’inhibition : le bouton « STOP », que beaucoup d’enfant n’ont pas. Je dois finir mon travail, je ne vais pas me lever pour faire autre chose et je résiste à des activités plus plaisantes ou à des actions automatisées, c’est ce qui permet de rester attentif.
- La mémoire de travail et la mise à jour : elles permettent de se rappeler d’informations nécessaires à la poursuite d’une activité et d’actualiser ses données au fur et à mesure : on retient un numéro de téléphone, ce n’est pas le bon, on en fait un autre. Elle est très sollicitée en mathématiques, « on pose son opération, on cherche combien font… et on n’oublie pas la retenue… »
- La flexibilité mentale et la résolution de problème : la capacité de passer rapidement d’un dossier à un autre, de jongler avec l’emploi du temps des enfants, par exemple et de trouver des solutions aux problèmes qui se présentent.
- Le contrôle attentionnel permet de focaliser notre attention sur une ou plusieurs tâches, jusqu’à leurs résolutions complètes comme faire le repas en surveillant la « douche », tout en répondant aux questions d’un tiers.
- La planification : concerne notre capacité à organiser des actions visant à atteindre un but. Vous n’allez pas préparer la même valise si vous partez dans les plaines Mongoles ou dans la Haute Loire…
Et pourquoi nos enfants sont-ils adorables chez les autres et deviennent infects avec nous ?
Mais du coup, en l’absence de sa figure d’attachement (il peut y en avoir plusieurs bien sûr), l’enfant va prendre sur lui. Mais une fois en sécurité à la maison, il explose comme « une cocote minute ». Dès qu’il retrouve la sécurité de son parent, l’enfant va déverser son trop plein émotionnel de la journée dans un registre de choses positives, mais aussi et surtout négatifs de façon plus ou moins intenses. On va faire la même chose. Nous sommes différents dans notre vie professionnelle et dans celle à la maison, nous allons supporter beaucoup de choses mais une fois de retour dans notre foyer, on peut craquer pour une contrariété insignifiante, non ?
Un autre facteur qui rend le travail délicat avec nos enfants réside dans des enjeux « projectifs » de réussite pour nos enfants que nous ne soupçonnons pas toujours. On idéalise tous nos enfants mais l’enfant peut mal vivre cette pression ou vivre une grande distorsion par rapport à ce qu’il perçoit de ses propres capacités. Pour certains l’erreur peut être vécue comme une véritable perte, ce qui peut activer au niveau psycho affectif des enjeux anxiogènes, comme la séparation, l’angoisse d’abandon voire la mort. On comprend mieux comment l'investissement de certaines matières va bien au-delà de l’acquisition de connaissance cognitive.
Enfin, faire le pitre, peut être aussi une façon d’attirer l’attention. Un enfant en difficulté scolaire qui se sent juger que sur ses résultats scolaires aura envie, BESOIN d’attirer l’attention sur d’autres de ses capacités et/ou vérifier qu’on l’aime suffisamment.
Donc ce n’est pas la peine d’envenimer les relations avec ses enfants. Si les apprentissages sont difficiles, passez à autre chose. Faites-vous seconder par des sites comme Lumni.fr, France 4, Educ arte, ou encore l’application Radio France dans rubrique « nation apprenante ». Ou encore par multimalin pour les tables de multiplication…
Mais surtout, pas de panique, il y a pleins d’autres façons de mettre vos enfants en situation d’apprentissage, dans une relation affective « plaisir » et sereine…
Quelles sont donc les autres moyens d'apprentissage?
Comme vous l’avez bien compris, un enfant a besoin d’expérimenter par son corps pour en tirer un enseignement et développer son cerveau. Toutes les expériences que nous avons vécues enfant se sont inscrites grâce au travail simultané et synergique de notre corps, de nos sens, de notre motricité, de notre esprit et de notre affectivité, mise en jeu dans notre environnement.
Toutes ses expérimentations vont former les pré-requis des apprentissages scolaires. En effet, pour reconnaître un « d » d’un « b », d’un « q » et du « p », il faut avoir intégré le devant, le derrière, le dessus et le dessous en fonction d’un axe vertical ; ceci se fait de façon égocentrée, à savoir en fonction de notre propre axe vertical : la colonne vertébrale. Puis, l’enfant va projeter cette acquisition sur les objets, puis sur des signes : des lettres et des chiffres qui eux -même seront porteurs d’un son spécifique puis d’une valeur pour les chiffres. La notion physique va de plus en plus s’abstraire.
Premier conseil : varier les jeux pour mobiliser toutes les habiletés du cerveau. Jeux de mémoire, jeux d’adresse, jeux d’imitation, jeux de construction, puzzles et casses têtes, jeux de société et de stratégies, jeux imaginaires…

Laissez-les bien s’organiser pour installer le jeu puis pour le ranger. Il est très utile aussi et très drôle, de les laisser inventer de nouvelles règles.
Les jeux de plateaux sont une bonne occasion de travailler sur l’auto - régulation et d’éprouver leurs capacités à résister à la frustration. Ces jeux sont parfaits pour apprendre à maîtriser ses émotions. Avec votre participation, ils vont prendre conscience de leur fonctionnement et dédramatiser leur mauvaise humeur de perdant avec l’humour. Jouer apprend la persévérance - à force de s’entraîner - on finit par gagner une partie et on en tire une très grande satisfaction, ce qui développera l’estime de soi, en respectant certaines valeurs comme ne pas tricher.
Vous pouvez développer la lecture et enrichir le vocabulaire en organisant des séances de lecture collective. En choisissant une série très prenante comme « Percy Jackson », « Harry Potter », chacun peut se voir attribuer un petit paragraphe de lecture afin d’entraîner cette fonction durant le confinement.
Pour travailler la phonologie chez les plus jeunes, on peut reprendre le jeu de loup couleur mais sous la forme loup « sons », on va nommer tous les objets de la pièce qui possède le son « ou » ; trouver le plus d’objet commençant par le son « ffff ».
La mise en situation quotidienne par la participation aux tâches ménagères est intéressante aussi. Vider la machine à laver, plier et ranger le linge permet de solliciter les fonctions exécutives des enfants. C’est bien sûr à adapter en fonction de l’âge. Enregistrer la disposition d’une cuisine demande un travail de mémoire intéressant. Combien d’ados ne savent pas où sont rangés les choses dans la maison ! « ça se range oùùùùùùù…. çaaaaaa déjà… ????»
Cuisiner est une formidable activité qui va encore solliciter les fonctions d’apprentissages. On manipule des volumes et des poids, on organise, on planifie dans le temps, et dans l’espace. On ne sépare pas le blanc des œufs sans avoir prévu les bols pour les recevoir, le fouet pour monter les blancs et on ne le fait pas n’importe quand. Il faut commencer la recette au bon moment pour servir à l’heure d’un repas…. Le bricolage, bien que moins pratique en confinement, présente les mêmes qualités.
Enfin, FOCUS sur les activités manuelles et créatives ! Les petits – moyens et grands tous concernés ! Ces activités vont solliciter les pré-requis du graphisme afin de pallier une lenteur dans ce domaine, qui pénaliserait fortement les apprentissages, pour tous les âges. Nos placards regorgent de ces jeux. Coloriages, découpages, collages, pâte à sel, ou pâte à modeler pour les plus jeunes. Pour nos plus âgés, jeux de fléchettes, de chamboule tout, d’anneaux, de jeux de billes, toupies, confection de bracelets en perle, de bougies, dessins au spirographe, origami, paillettes, guirlandes, maquettes…
Alors jouons ! N’oublions pas que derrière l’aspect ludique des activités, un cerveau apprend constamment. Que ce travail d’apprentissage ne se fait qu’avec le regard d’un Autre, qui ne soit ni trop envahissant, ni trop distant. Mais où se joue également la construction de représentations sociales indispensables pour la compréhension d’autrui et de son environnement.